PAL Joseph. Né le 11 décembre 1886 à Tautavel (Pyrénées-Orientales) ; mort le
15 mai 1945 ( ?) ; SFIO ; conseiller municipal de Perpignan (1925-1929 ;
1935-1940) ; résistant ; arrêté le 28 mai 1944 ; mort en déportation à
Neuengamme (Allemagne) Les parents de Joseph Pal —Jacques Pal,
cultivateur, et Françoise Villedomat, âgés tous deux
de vingt-neuf ans en 1886. Leurs patronymes sont catalans— étaient de
nationalité espagnole et résidaient à Tautavel. Joseph Pal se maria le 1er octobre 1919 à Tautavel avec Marie Viguier, après
sa démobilisation, entre deux longs séjours au Sénégal. En 1906, Joseph Pal
était garçon de café à Tautavel. Il effectua son service militaire au 50e RI
à Périgueux (Dordogne). Incorporé le l7 octobre 1907, il fut libéré de ses
obligations militaires le 25 septembre 1909. Dès octobre 1909, il résidait à
Rochefort (Charente-Inférieure). Il habitait au café de Paris qui
l’employait. Mobilisé en août 1914, il rejoignit Perpignan le 3 de ce mois
afin d’intégrer le 53e RI
(le régiment des Pyrénées-Orientales). Mais le 10 août, il était affecté à
Dakar (AOF) au bataillon d’Infanterie coloniale de l’AOF. Il demeura en AOF
jusqu’à sa démobilisation le 22 mars 1919. Sa fiche du registre matricule indique
qu’il fut en campagne en AOF du 3 août 1914 au 3 avril 1917. Dans un premier
temps, il résidait à Dakar où il travaillait au café du Palais. Le 17 juin 1923,
il était de retour à Tautavel puis, le 6 avril 1926, il s’établit
définitivement à Perpignan, 2 rue de la gare, au
café Bercy. Cafetier limonadier, il allait devenir l’une des figures de la
politique perpignanaise, dans le sillage de Jean Payra*
le leader de la SFIO de Perpignan et des Pyrénées-Orientales après le congrès
de Tours et jusqu’à son décès en 1937. On peut supputer que Pal fut influencé
par les idées socialistes dans sa jeunesse. Son village natal, dans les
Corbières catalanes était l’un de ces bourgs viticoles où les guesdistes puis
les socialistes unifiés s’implantèrent de façon massive et durable avant
1914. Mais le socialisme perpignanais moins marqué par le guesdisme différait
de celui du Roussillon viticole et trouva en Payra
un tribun charismatique qui sut admirablement l’incarner. Or, Joseph Pal
devint l’un de ses lieutenants. Militant du Parti socialiste SFIO, Pal était, dès
1925 suffisamment bien implanté localement qu’il fut désigné trésorier
adjoint le 9 août 1925 par le congrès fédéral du Parti socialiste SFIO. Il fut
élu conseiller municipal de Perpignan en 1925 et réélu en 1935. Aux élections
municipales du 4 mai 1925, il obtint devint conseiller municipal de la ville
sur la liste du Cartel des gauches entièrement élue dès le premier tour. Il
obtint 4552 voix (contre 4845 à Victor Dalbiez,
radical, le mieux élu de la liste et 4445 à Joseph Denis, radical, le moins
bien élu). À noter que lors du scrutin de 1925, il n’était pas encore
totalement installé à Perpignan. Il fut administrateur des hospices. Il ne se
représenta pas aux élections municipales du 6 mai 1929 où la SFIO et les
radicaux présentaient chacun une liste. Il fut à nouveau candidat de la SFIO
aux élections municipales de mai 1935. Au premier tour il figura sur la liste
socialiste SFIO conduite par Jean Payra ; au second
tour sur la « liste des gauches pour la prospérité de Perpignan » conduite par
Jean Payra, issue de la fusion entre les listes
SFIO et « radicalesocialiste Jean-Bourrat ». Le 5 mai, Pal obtint 4891 voix se plaça en
quatrième position parmi l’ensemble des candidats des quatre listes en
présence. Le 12 mai, Joseph Pal fut le candidat le mieux élu de cette liste
qui emporta la mairie. Il obtint en effet 6741 voix alors que le populaire
leader socialiste Jean Payra arrivait, avec 6600
suffrages, en treizième position. Joseph Pal fut, pendant son mandat,
administrateur de l’hôpital Saint-Jean de Perpignan. Pal fut déchu de son
mandat en octobre 1940 comme tous les élus socialistes et radicaux élus en
1935. Résistant, (« Libération – Sud »), Pal fut l’un
des organisateurs de ce mouvement à Perpignan et dans les Pyrénées-Orientales
(voir aussi, en particulier : Olibo Jean*, Mayneris Marcel*, Rous Joseph [Puyvalador]*,
Fourquet Camille*). Joseph Pal avait été désigné
par le directoire régional des MUR pour devenir le premier adjoint de Félix Mercader à la mairie de Perpignan après la Libération. Il
fut arrêté par la Sicherheitspolizei
le 28 mars 1944. Il faisait partie d’une liste de vingt otages
que les Allemands arrêtèrent en représailles à un attentat perpétré le 27
mars par des FTP perpignanais. Des derniers avaient pris pour cible des locaux,
rue de l’Horloge, réputés servir de maison close pour officiers. Treize
furent libérés le 29 mars et trois autres au début d’avril. Seuls Joseph Pal
et trois autres otages, l’instituteur Jean-Jacques Parayre
de Combat et agent de réseaux de passages et les frères Georges et Pierre Legardeur, épiciers, demeurèrent prisonniers. Parayre et Pal furent déportés. Incarcéré à la Citadelle
de Perpignan, Pal fut « interrogé, malmené » (Marcel Mayneris*).
Le 16 mai 1944, il quitta Perpignan pour Compiègne d’où il fut déporté à
Neuengamme où le socialiste perpignanais Fernand Baixas le retrouva au
printemps de 1945 alors que la Libération du camp par les Américains était
proche. Un convoi fut organisé par les Allemands fuyant l’avance alliée afin
de transférer des détenus qui demeurèrent cinq jours dans des wagons de
chemin de fer. Il y aurait eu 900 morts en cours de route dont 40 ne furent
pas identifiés (d’après Marcel Mayneris). D’après
le Livre mémorial de la Déportation,
Pal partit de Compiègne le 4 juin 1944 avec le convoi à destination de
Neuengamme. Il se trouvait en avril 1945 en Basse-Saxe, à Sandbostel
(stalag à l’ouest de Hambourg),
mouroir de Neuengamme à partir du 13 avril 1945 et libéré le 29 avril. Deux rues Joseph-Pal honorent la mémoire de Joseph
Pal, martyr de la Résistance, à Perpignan et à Tautavel. SOURCES : Arch. dép.
Pyrénées-Orientales, 5 Mi 659, état civil de Tautavel, acte de naissance de Joseph
Pal ; 1 R 480, f°.60, registre matricule. — Le
Cri catalan, 15 août 1925. — L’Indépendant, 13 mai
1935. — Le Cri Socialiste, 15 septembre 1945, 11 mai 1946, article de Marcel Mayneris*. — Christian Camps, Les noms de rues de Perpignan, Perpignan, 1974. — Horace Chauvet, La politique roussillonnaise (de 1870 à nos jours), Perpignan, 1934. — Jean Larrieu , « Vichy ,
l’occupation nazie et la Résistance catalane », I, « Chronologie des années
noires », Terra Nostra, 89-90, Prades, 1994, pp.258-259. — Ramon Gual
& Jean Larrieu, idem, II b, « De la Résistance
à la Libération », Terra nostra, 93-94-95-96, Prades, 1998, p. 509. — Livre Mémorial de la déportation in site FMD (http://www.bddm.org/int/index_int.php
), consulté le 9 septembre 2012. — Interview de Fernand Cortale (1974). André BALENT. |